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venue de pens�es poignantes. Ce matin-l�, elle �tait forte, elle pouvait presque marcher seule ; une cure, c'est
une paternit�, et Tellmarch la regardait, heureux. Ce bon vieux homme se mit � sourire. Il lui parla.
Eh bien, nous sommes debout, nous n'avons plus de plaie.
Qu'au coeur, dit-elle.
Et elle reprit:
Alors vous ne savez pas du tout o� ils sont?
Qui �a? demanda Tellmarch.
Mes enfants.
Cet " alors " exprimait tout un monde de pens�es ; cela signifiait : " puisque vous ne m'en parlez pas, puisque
depuis tant de jours vous �tes pr�s de moi sans m'en ouvrir la bouche, puisque vous me faites taire chaque
fois que je veux rompre le silence, puisque vous semblez craindre que je n'en parle, c'est que vous n'avez rien
� m'en dire. " Souvent, dans la fi�vre, dans l'�garement, dans le d�lire, elle avait appel� ses enfants, et elle
avait bien vu, car le d�lire fait ses remarques, que le vieux homme ne lui r�pondait pas.
C'est qu'en effet Tellmarch ne savait que lui dire. Ce n'est pas ais� de parler � une m�re de ses enfants perdus.
Et puis, que savait-il ? rien. Il savait qu'une m�re avait �t� fusill�e, que cette m�re avait �t� trouv�e � terre
par lui, que, lorsqu'il l'avait ramass�e, c'�tait � peu pr�s un cadavre, que ce cadavre avait trois enfants, et que
le marquis de Lantenac, apr�s avoir fait fusiller la m�re, avait emmen� les enfants. Toutes ses informations
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s'arr�taient l�. Qu'est-ce que ces enfants �taient devenus? Etaient-ils m�me encore vivants? Il savait, pour
s'en �tre inform�, qu'il y avait deux gar�ons et une petite fille, � peine sevr�e. Rien de plus. Il se faisait sur ce
groupe infortun� une foule de questions, mais il n'y pouvait r�pondre. Les gens du pays qu'il avait interrog�s
s'�taient born�s � hocher la t�te. M. de Lantenac �tait un homme dont on ne causait pas volontiers.
On ne parlait pas volontiers de Lantenac et on ne parlait pas volontiers � Tellmarch. Les paysans ont un genre
de soup�on � eux. Ils n'aimaient pas Tellmarch. Tellmarch le Caimand �tait un homme inqui�tant. Qu'avait-il
� regarder toujours le ciel? que faisait-il, et � quoi pensait-il dans ses longues heures d'immobilit�? certes, il
�tait �trange. Dans ce pays en pleine guerre, en pleine conflagration, en pleine combustion, o� tous les
hommes n'avaient qu'une affaire, la d�vastation, et qu'un travail, le carnage, o� c'�tait � qui br�lerait une
maison, �gorgerait une famille, massacrerait un poste, saccagerait un village, o� l'on ne songeait qu'� se
tendre des embuscades, qu'� s'attirer dans des pi�ges, et qu'� s'entre-tuer les uns les autres, ce solitaire,
absorb� dans la nature, comme submerg� dans la paix immense des choses, cueillant des herbes et des
plantes, uniquement occup� des fleurs, des oiseaux et des �toiles, �tait �videmment dangereux. Visiblement,
il n'avait pas sa raison ; il ne s'embusquait derri�re aucun buisson, il ne tirait de coup de fusil � personne. De
l� une certaine crainte autour de lui.
Cet homme est fou, disaient les passants.
Tellmarch �tait plus qu'un homme isol�, c'�tait un homme �vit�.
On ne lui faisait point de questions, et on ne lui faisait gu�re de r�ponses. Il n'avait donc pu se renseigner
autant qu'il l'aurait voulu. La guerre s'�tait r�pandue ailleurs, on �tait all� se battre plus loin, le marquis de
Lantenac avait disparu de l'horizon, et dans l'�tat d'esprit o� �tait Tellmarch, pour qu'il s'aper��t de la guerre,
il fallait qu'elle m�t le pied sur lui.
Apr�s ce mot, mes enfants, Tellmarch avait cess� de sourire, et la m�re s'�tait mise � penser. Que se
passait-il dans cette �me? Elle �tait comme au fond d'un gouffre. Brusquement elle regarda Tellmarch, et cria
de nouveau et presque avec un accent de col�re:
Mes enfants!
Tellmarch baissa la t�te comme un coupable.
Il songeait � ce marquis de Lantenac qui certes ne pensait pas � lui, et qui, probablement, ne savait m�me plus
qu'il exist�t. Il s'en rendait compte, il se disait: Un seigneur, quand c'est dans le danger, �a vous conna�t ;
quand c'est dehors, �a ne vous conna�t plus.
Et il se demandait: Mais alors pourquoi ai-je sauv� ce seigneur ?
Et il se r�pondait: Parce que c'est un homme.
Il fut l�-dessus quelque temps pensif, et il reprit en lui-m�me: En suis-je bien s�r?
Et il se r�p�ta son mot amer: Si j'avais su! Toute cette aventure l'accablait ; car dans ce qu'il avait fait, il
voyait une sorte d'�nigme. Il m�ditait douloureusement. Une bonne action peut donc �tre une mauvaise
action. Qui sauve le loup tue les brebis. Qui raccommode l'aile du vautour est responsable de sa griffe.
Il se sentait en effet coupable. La col�re inconsciente de cette m�re avait raison.
Pourtant, avoir sauv� cette m�re le consolait d'avoir sauv� ce marquis.
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Mais les enfants?
La m�re aussi songeait. Ces deux pens�es se c�toyaient et, sans se le dire, se rencontraient peut-�tre, dans les
t�n�bres de la r�verie.
Cependant son regard, au fond duquel �tait la nuit, se fixa de nouveau sur Tellmarch,
�a ne peut pourtant pas se passer comme �a, dit-elle.
Chut! fit Tellmarch, et il mit le doigt sur sa bouche.
Elle poursuivit: [ Pobierz całość w formacie PDF ]

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    Dawniej młodzi mężczyźni szukali sobie żon. Teraz wyszukują sobie teściów. Diana Webster

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