do ÂściÂągnięcia; pobieranie; pdf; download; ebook

[ Pobierz całość w formacie PDF ]

venue de pensées poignantes. Ce matin-là, elle était forte, elle pouvait presque marcher seule ; une cure, c'est
une paternité, et Tellmarch la regardait, heureux. Ce bon vieux homme se mit à sourire. Il lui parla.
Eh bien, nous sommes debout, nous n'avons plus de plaie.
Qu'au coeur, dit-elle.
Et elle reprit:
Alors vous ne savez pas du tout où ils sont?
Qui ça? demanda Tellmarch.
Mes enfants.
Cet " alors " exprimait tout un monde de pensées ; cela signifiait : " puisque vous ne m'en parlez pas, puisque
depuis tant de jours vous êtes près de moi sans m'en ouvrir la bouche, puisque vous me faites taire chaque
fois que je veux rompre le silence, puisque vous semblez craindre que je n'en parle, c'est que vous n'avez rien
à m'en dire. " Souvent, dans la fièvre, dans l'égarement, dans le délire, elle avait appelé ses enfants, et elle
avait bien vu, car le délire fait ses remarques, que le vieux homme ne lui répondait pas.
C'est qu'en effet Tellmarch ne savait que lui dire. Ce n'est pas aisé de parler à une mère de ses enfants perdus.
Et puis, que savait-il ? rien. Il savait qu'une mère avait été fusillée, que cette mère avait été trouvée à terre
par lui, que, lorsqu'il l'avait ramassée, c'était à peu près un cadavre, que ce cadavre avait trois enfants, et que
le marquis de Lantenac, après avoir fait fusiller la mère, avait emmené les enfants. Toutes ses informations
VI. SEIN GUERI, COEUR SAIGNANT 143
Quatre-vingt-treize
s'arrêtaient là. Qu'est-ce que ces enfants étaient devenus? Etaient-ils même encore vivants? Il savait, pour
s'en être informé, qu'il y avait deux garçons et une petite fille, à peine sevrée. Rien de plus. Il se faisait sur ce
groupe infortuné une foule de questions, mais il n'y pouvait répondre. Les gens du pays qu'il avait interrogés
s'étaient bornés à hocher la tête. M. de Lantenac était un homme dont on ne causait pas volontiers.
On ne parlait pas volontiers de Lantenac et on ne parlait pas volontiers à Tellmarch. Les paysans ont un genre
de soupçon à eux. Ils n'aimaient pas Tellmarch. Tellmarch le Caimand était un homme inquiétant. Qu'avait-il
à regarder toujours le ciel? que faisait-il, et à quoi pensait-il dans ses longues heures d'immobilité? certes, il
était étrange. Dans ce pays en pleine guerre, en pleine conflagration, en pleine combustion, où tous les
hommes n'avaient qu'une affaire, la dévastation, et qu'un travail, le carnage, où c'était à qui brûlerait une
maison, égorgerait une famille, massacrerait un poste, saccagerait un village, où l'on ne songeait qu'à se
tendre des embuscades, qu'à s'attirer dans des pièges, et qu'à s'entre-tuer les uns les autres, ce solitaire,
absorbé dans la nature, comme submergé dans la paix immense des choses, cueillant des herbes et des
plantes, uniquement occupé des fleurs, des oiseaux et des étoiles, était évidemment dangereux. Visiblement,
il n'avait pas sa raison ; il ne s'embusquait derrière aucun buisson, il ne tirait de coup de fusil à personne. De
là une certaine crainte autour de lui.
Cet homme est fou, disaient les passants.
Tellmarch était plus qu'un homme isolé, c'était un homme évité.
On ne lui faisait point de questions, et on ne lui faisait guère de réponses. Il n'avait donc pu se renseigner
autant qu'il l'aurait voulu. La guerre s'était répandue ailleurs, on était allé se battre plus loin, le marquis de
Lantenac avait disparu de l'horizon, et dans l'état d'esprit où était Tellmarch, pour qu'il s'aperçût de la guerre,
il fallait qu'elle mît le pied sur lui.
Après ce mot, mes enfants, Tellmarch avait cessé de sourire, et la mère s'était mise à penser. Que se
passait-il dans cette âme? Elle était comme au fond d'un gouffre. Brusquement elle regarda Tellmarch, et cria
de nouveau et presque avec un accent de colère:
Mes enfants!
Tellmarch baissa la tête comme un coupable.
Il songeait à ce marquis de Lantenac qui certes ne pensait pas à lui, et qui, probablement, ne savait même plus
qu'il existât. Il s'en rendait compte, il se disait: Un seigneur, quand c'est dans le danger, ça vous connaît ;
quand c'est dehors, ça ne vous connaît plus.
Et il se demandait: Mais alors pourquoi ai-je sauvé ce seigneur ?
Et il se répondait: Parce que c'est un homme.
Il fut là-dessus quelque temps pensif, et il reprit en lui-même: En suis-je bien sûr?
Et il se répéta son mot amer: Si j'avais su! Toute cette aventure l'accablait ; car dans ce qu'il avait fait, il
voyait une sorte d'énigme. Il méditait douloureusement. Une bonne action peut donc être une mauvaise
action. Qui sauve le loup tue les brebis. Qui raccommode l'aile du vautour est responsable de sa griffe.
Il se sentait en effet coupable. La colère inconsciente de cette mère avait raison.
Pourtant, avoir sauvé cette mère le consolait d'avoir sauvé ce marquis.
VI. SEIN GUERI, COEUR SAIGNANT 144
Quatre-vingt-treize
Mais les enfants?
La mère aussi songeait. Ces deux pensées se côtoyaient et, sans se le dire, se rencontraient peut-être, dans les
ténèbres de la rêverie.
Cependant son regard, au fond duquel était la nuit, se fixa de nouveau sur Tellmarch,
Ça ne peut pourtant pas se passer comme ça, dit-elle.
Chut! fit Tellmarch, et il mit le doigt sur sa bouche.
Elle poursuivit: [ Pobierz całość w formacie PDF ]

  • zanotowane.pl
  • doc.pisz.pl
  • pdf.pisz.pl
  • autonaprawa.keep.pl
  • Cytat

    Dawniej młodzi mężczyźni szukali sobie żon. Teraz wyszukują sobie teściów. Diana Webster

    Meta